L’établissement d’une collaboration entre l’Opéra de Montréal (OdM) et Opera Australia est l’idée majeure des dix dernières années à l’OdM. Ces spectacles extrêmement peaufinés importés d’Australie (Lakmé, Madame Butterfly…) forment le haut du panier de ce qui nous est présenté ici dans le grand répertoire.
Il en va ainsi de cette Turandot, qui nous en fait prendre plein les yeux et rend justice, par moult références à la culture chinoise, à l’exotisme du propos. Le 1er acte notamment, avec procession de bourreaux, venus d’une antichambre rouge sang ou une apparition de Turandot derrière une lune qui s’ouvre pour refuser la grâce à un condamné, regorge de moments visuels puissamment évocateurs. Justice est rendue aussi, en verticalité, aux niveaux sur lesquels les personnages évoluent. Turandot ne redescend sur terre qu’au dernier acte et l’empereur Altoum est perché sur un promontoire rayonnant.
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De Paul Nadler, je n’ai pas grand-chose à signaler d’autre que de l’excellente routine : Turandot demande plus de ferveur et de fièvre que cela, requiert de jouer davantage sur les oppositions rythmiques du 1er acte, de ne pas filer aussi droit dans « Nessun Dorma ». Nadler est un chef qui tient les choses en place, pas davantage. Il a fort à faire avec le choeur, moins affuté et précis qu’à l’habitude, samedi, dans ses entrées et sa cohésion au 1er acte. Le choeur d’enfants, par contre, était d’une rare perfection et beauté.